Diagnostic RPS : Comprendre et agir pour le bien-être en entreprise
D’après la norme Ifop de climat social (menée en novembre 2022 auprès d’un échantillon de 1300 salariés) 71% des personnes interrogées ont manifesté un intérêt pour un accompagnement de leur employeur permettant d’améliorer leur santé physique ou psychologique (soit +5 points par rapport à 2021).
Ce chiffre, particulièrement élevé, s’explique par l’augmentation des Risques PsychoSociaux (RPS) dans l’environnement professionnel. En effet, dans cette même étude on peut lire : “35% des salariés interrogés ont été sujets à des risques psycho-sociaux (RPS) comme les situations de stress ou de « burn out » contre 29% en 2021”.
Liés à des éléments de stress, des violences internes ou externes, les RPS touchent l’ensemble des membres d’une organisation (quels que soient son secteur d’activité et sa taille).
L’exposition à ces risques peut avoir des impacts considérables à la fois sur les salariés (problèmes de santé mentale, dégradation des relations interpersonnelles, souffrance au travail, burn-out, etc.) et sur l’entreprise elle-même (absentéisme, baisse de la performance, risque juridique, réputation, etc.).
Mais, une bonne gestion de ces mêmes risques a des effets très positifs.
Sommaire de l’article :
– Les bénéfices d’une gestion efficace des RPS
– Qu’est-ce que le diagnostic RPS ?
– Les différentes méthodes employées
– Les résultats d’un diagnostic RPS
1. Les bénéfices d’une gestion efficace des RPS
a) Pour les salariés
Une gestion efficace des risques psychosociaux a des impacts directs sur les salariés. En favorisant le bien-être au travail, elle contribue à créer un environnement professionnel où le stress est réduit, la collaboration renforcée et la satisfaction professionnelle développée. Cela peut notamment se traduire par une plus grande motivation, créativité et engagement envers l’entreprise.
b) Pour les entreprises
La gestion des RPS permet à l’employeur de répondre à ses obligations légales : “assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.” (articles L 4121-1 à 5 du code du travail).
Au-delà des aspects juridiques, une gestion efficace des RPS contribue à une amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) et a des impacts directs sur la performance de l’entreprise :
- préservation du bien-être au travail = des salariés plus motivés et engagés
- réduction du stress = diminution de l’absentéisme, du turnover, des conflits, etc.
- ambiance de travail positive = meilleure réputation (attirant ainsi des talents et améliorant la compétitivité)
Pour préserver la santé mentale des salariés et assurer un cadre de travail sain, le diagnostic RPS se révèle être un outil efficace à disposition des entreprises.
2. Qu’est-ce que le diagnostic RPS ?
Le diagnostic des Risques Psychosociaux est une approche méthodique qui révèle les aspects parfois invisibles ou sous-estimés pouvant impacter le bien-être des salariés. Il offre une vision complète des dynamiques internes et externes à l’entreprise susceptibles de causer des RPS, qu’il s’agisse de tensions relationnelles, de pratiques managériales inappropriées, ou de conditions de travail excessivement stressantes.
Cette étude quantitative et qualitative, qui permet de dresser une cartographie des conditions et contraintes de travail au sein d’une organisation, se fait avec l’aide de plusieurs acteurs de l’entreprise : salariés, représentants du personnel, employeur, organismes spécialisés, etc.
Impliquer l’ensemble des parties prenantes est une condition indispensable pour garantir une évaluation juste et exhaustive, et mener à bien cet audit dans le but de :
a) Identifier les facteurs de risques :
Examiner les différentes composantes du travail susceptibles de générer des RPS, tels que la charge de travail, le rythme, les missions, le degré d’autonomie, les relations au sein de l’équipe, etc.
b) Évaluer l’impact sur la santé mentale :
Mesurer les conséquences psychologiques des conditions de travail sur les employés, en identifiant les signes de stress, d’anxiété, de dépression, ou d’autres troubles liés à la santé mentale.
c) Recueillir les retours des employés :
Impliquer les personnes dans le processus en recueillant leurs perceptions et opinions sur leur environnement professionnel, permettant ainsi une approche participative et inclusive.
d) Proposer des solutions préventives et des actions correctives :
À la suite du diagnostic, formuler des recommandations et des solutions pour réduire les RPS identifiés, favoriser le bien-être au travail, et prévenir l’apparition de nouveaux risques psychosociaux.
e) Instaurer un suivi continu :
Mettre en place des mécanismes de suivi régulier pour évaluer l’efficacité des actions mises en place et s’assurer d’une amélioration continue des conditions de travail.
A travers ces différents objectifs, le diagnostic RPS constitue un socle solide pour élaborer des stratégies de gestion, de prévention ou d’intervention. Mais comment cela fonctionne ?
3. Les différentes méthodes employées
La collecte de données pertinentes est cruciale pour auditer les risques psychosociaux au sein d’une entreprise. Cela peut se faire de différentes manières :
- Questionnaires et enquêtes
Des questionnaires standardisés et anonymisés peuvent être administrés aux employés pour évaluer leur niveau de stress, de charge de travail, de soutien social, etc. Ces enquêtes permettent de collecter des informations sur le climat social et la perception des risques psychosociaux. Il existe différents questionnaires (Siegrist, Karasek, etc.) qui seront sélectionnés selon l’organisation et le besoin.
- Entretiens individuels et collectifs
Méthode qualitative, les entretiens avec les employés permettent de recueillir des informations plus détaillées, de comprendre les ressentis, d’identifier des situations spécifiques et de recueillir des suggestions pour améliorer le bien-être au travail. Les entretiens collectifs peuvent également être utiles pour identifier des tendances et des points communs. Lors de ces échanges, il est important de s’assurer que cela est mené par un tiers neutre permettant de libérer la parole.
- Observations sur le lieu de travail :
L’observation constitue une autre méthode d’évaluation des RPS, complémentaire aux questionnaires et aux entretiens. Elle permet d’observer directement les conditions de travail, les interactions sociales, et d’identifier des facteurs de stress ou de tension au sein de l’organisation. Cela doit toujours être réalisé de manière éthique, en respectant la confidentialité des employés et en évitant toute intrusion excessive dans leur vie professionnelle.
- Analyse des indicateurs de santé :
Examiner les taux d’absentéisme, le turnover, le nombre de plaintes, la participation à des formations spécifiques, les demandes de congé pour raisons de santé mentale, et d’autres indicateurs de santé peut aider à identifier des tendances liées aux risques psychosociaux.
- Etudes documentaires :
Examiner les politiques de l’entreprise, l’organigramme, les comptes rendus de réunion, les rapports d’accidents, les retours d’expérience, etc., permet d’affiner le diagnostic.
Il est important de noter que le diagnostic est souvent multidimensionnel et requiert une approche holistique. Les méthodes mentionnées ci-dessus peuvent être utilisées de manière complémentaire pour obtenir une image complète de la situation dans une organisation.
4. Les résultats d’un diagnostic RPS
Les conclusions porteront sur :
- la mesure de l’ampleur et de la gravité des risques identifiés
- l’analyse des problématiques de travail et facteurs de risque identifiés
- des préconisations d’actions opérationnelles permettant de prévenir ou d’agir face aux éventuelles problématiques de travail identifiées
Le diagnostic peut alors orienter soit vers des mesures de prévention, soit vers des actions correctives. La nature des interventions dépendra des conclusions tirées du diagnostic et des spécificités identifiées dans l’environnement de travail. Voici comment ces deux approches peuvent être abordées :
a) La prévention
Elle s’articule autour de trois thèmes distincts :
- Information et sensibilisation
Cela peut se concrétiser par des campagnes de communication, des ateliers, ou des sessions de formation sur la gestion du stress, la communication interpersonnelle et la reconnaissance des signaux précurseurs de RPS.
- Formation sur mesure
D’autre part, des formations adaptées aux besoins spécifiques des équipes peuvent également être envisagées. Elles visent à outiller les employés et les managers pour mieux gérer les situations potentiellement stressantes. Ces formations favorisent ainsi des relations de travail plus saines et une meilleure gestion des émotions au sein de l’entreprise.
- Ajustements organisationnels
Enfin, des ajustements dans l’organisation du travail peuvent être opérés pour améliorer les conditions de travail. Ceci peut impliquer une révision des politiques internes, une meilleure répartition des tâches, une amélioration du soutien managérial ou encore la promotion d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
b) Les actions correctives
Si des risques psychosociaux sont déjà présents et ont été identifiés comme problématiques, des mesures correctives immédiates peuvent être nécessaires.
- Instauration d’un plan d’action
Ce dernier est élaboré en fonction des préconisations du diagnostic. Cela peut inclure : la mise en place de médiation intra-entreprise, des programmes de sensibilisation, des séances de formation régulières, des ajustements organisationnels, etc.
- Suivi régulier des actions mises en place
Un suivi régulier est indispensable pour garantir l’efficacité des actions mises en place. Cette surveillance doit permettre une agilité afin d’ajuster en temps réel le plan d’actions selon de potentielles évolutions au sein de l’organisation.
- Évaluation des actions
Elle vise à mesurer l’impact des actions entreprises suite au diagnostic RPS. Les résultats de cette évaluation alimentent un processus continu d’ajustements, garantissant une adaptation constante aux besoins changeants de l’entreprise.
Il est important de souligner que la prévention et l’action corrective peuvent être complémentaires. Un programme efficace de gestion des risques psychosociaux devrait inclure à la fois des mesures préventives à long terme et des actions correctives en fonction des résultats du diagnostic.
Le diagnostic RPS émerge comme une étape essentielle pour les entreprises qui aspirent à préserver le bien-être mental de leurs collaborateurs et à optimiser leurs performances. En identifiant les origines du stress, en évaluant leurs impacts, et en trouvant des solutions concrètes, le diagnostic RPS fournit un cadre organisé pour la prévention et l’intervention.
Pour approfondir la gestion des RPS, n’hésitez pas à nous contacter. Notre équipe d’experts accompagne les entreprises dans la mise en place de mesures adaptées et efficaces.
Découvrez le profil de Serge Voiry, consultant RH et médiateur chez NotreAccord :
“Les risques psychosociaux ont un impact sur la santé et le bien-être des personnes, mais aussi sur la performance de l’entreprise (coût de l’absentéisme ou du turn-over, marque employeur négative, baisse de motivation, etc.). Les identifier et les prévenir est aujourd’hui nécessaire afin de proposer des actions adaptées et efficaces. J’accompagne les entreprises à toutes les phases du diagnostic et dans la co construction de plans d’améliorations, en m’appuyant sur plus de 20 ans d’expérience en ressources humaines et management, mais aussi en prévention des RPS et médiation en entreprises.”